La fibromyalgie, ce rhumatisme mystérieux
La fibromyalgie en quelques mots
« existe-il des solutions complémentaires? »
Par Max-Antoine Breda, entretien avec Manu Antonino, Massothérapeute certifié
La « Fibromyalgie », qu’est-ce que c’est ?
« C’est la forme la plus mystérieuse de rhumatismes » (1)
La fibromyalgie est tout d’abord une maladie, principalement caractérisée par des douleurs musculaires et articulaires diffuses, le terme couramment employé pour les personnes atteintes de cette affection est « douloureux chroniques »
Pour faire simple, en gros, tu as mal partout, tout le temps.
L’intensité des douleurs et/ou des crises varie selon ton état de stress / émotionnel.
Comment se représenter la maladie lorsqu’on est en bonne santé ?
En effet,
il est très difficile pour une personne en bonne santé de concevoir et d’imaginer cet état, surtout que cela ne se voit pas et ne laisse pas de traces.
Le meilleur exemple pour essayer de s’imaginer ce que traversent ces personnes au quotidien, est de se rappeler dans quel état nous sommes lors d’une forte fièvre. Tout devient alors hypersensible, mal partout, mal aux muscles, mal aux articulations, parfois même jusqu’à la peau et les cheveux ! … une couverture, un vêtement deviennent alors insupportables.
Eh bien, voilà une toute petite idée de ce que peut endurer une personne atteinte de cette maladie.
Combien de personnes sont concernées ?
En Suisse, la prévalence se situe entre 0.5% et 5% de la population, soit entre 40.000 et 400.000 personnes, dont 7 femmes pour 1 homme (2). En France voisine, la maladie toucherait environ 2 millions de personnes, et se déclare généralement entre 30 et 50 ans.
Mon constat est que je vois cette problématique apparaître chez des patients de plus en plus jeunes (20-30 ans), même parfois dès l’adolescence, à la suite d’un ou plusieurs chocs émotionnels importants au cour de leur vie. Qu’il y a systématiquement un trauma émotionnel principal dans le schéma de cette maladie.
(1)(2) source ligues-rhumatisme.ch/rhumatismes-de-a-a-z/fibromyalgie
Qu’en pense la médecine moderne ?
Au départ,
la médecine moderne a eu tendance à croire que cela se passait uniquement dans la tête des gens, c’est en tout cas l’expérience qui m’a été majoritairement reportée par mes patients atteints de fibromyalgie. Et là, les médecins redirigent souvent ces personnes vers un pôle psychiatrique de la médecine, c’est-à-dire un psychologue ou un psychiatre, car ils sont considérés comme des « dépressifs ». A ce jour, on ne sait pas si cette maladie est irréversible ou non.
Mais bien heureusement, depuis, certains médecins se sont aperçus qu’il en était autrement, et ils ont commencé à se pencher plus sérieusement sur ce sujet. Des associations, fondations, et même des centres spécialisés dans la douleur chronique ont vu le jour, tels que l’ASFM (Association Suisse des Fibromyalgies) en Suisse, ou Fibromyalgie SOS en France.
Une avancée quant à la recherche et la reconnaissance de cette maladie, soutenue également par la Ligue suisse contre le rhumatisme.
Qu’en pense la médecine traditionnelle ?
Il a été avéré par la médecine traditionnelle que l’origine de cette pathologie est en lien étroit avec le côté psychologique / émotionnel de la personne, à la suite d’un trauma important, ou voir de poly-traumas au cour de sa vie. Que les douleurs au niveau physique sont également bel est bien réelles, et qu’elles peuvent être soulagées. La maladie est probablement réversible.
Et que disent vos patients ?
Qu’en effet, ils réalisent très souvent, que cela provient d’un événement principal / majeur parmi les poly-traumas subis comme : un viol, un deuil, un divorce, un licenciement, une violence physique ou psychologique répétée, etc..; qui va être à l’origine du mal-être général, et finir par créer les douleurs physiques. Que les crises et les pics de douleurs au niveau du corps sont influencés par leur état de stress / émotionnel du moment.
Quelle est votre expérience avec vos patients ?
Mon analyse est que tout événement traumatisant ayant généré un stress émotionnel important, qui va laisser la personne dans cet état de stress, et ce de manière permanente, peut-être à l’origine de la maladie. J’appelle cela un ESPTP (état de stress post-traumatique permanent).
Si nous voulions encore donner quelques exemples d’événements stressants aussi divers que variés, nous pourrions parler des soldats rentrant de zones de guerres, ou encore de personnes qui ont été traumatisées par un placement forcé dans un foyer, qui auraient été confrontées à la vue d’un exhibitionniste, témoins d’un accident, victimes d’attentats, etc… Enfin, tout ce qui pourrait normalement être gérable par un individu après un certain temps d’intégration, mais qui ne l’a pas été pour diverses raisons propres à cette personne.
Par la suite,
c’est cette accumulation d’autres événements, qui sont normalement surmontables et que l’on appelle communément « les coups durs de la vie », même les moins stressants, qui deviennent alors difficilement gérables pour la personne, et viennent accentuer les douleurs et l’intensité des pics lors de crises aiguës. Il y a un lien neuro-psychologique manifeste.
L’expérience nous montre que régulièrement, ces traumatismes sont liés à l’enfance / l’adolescence et sont d’ordre sexuel, familial, éthique ou moral. Ces traumas touchent principalement la sphère intime de la personne.
Le processus de développement de cette affection, après le trauma principal, a pu mettre 10-15-20 voire même 30 ans avant que la maladie ne se déclare. Ce n’est pas une maladie qui apparaît généralement en une année, et c’est souvent bien, bien des années plus tard que l’on pose un diagnostic sur cette dernière.
Il est établi aujourd’hui,
que notre environnement, propice au stress et au burn-out, favorise l’apparition de cette maladie et que les personnes qui en sont atteintes ne le soupçonnent pas forcément.
Cela peut être le cas de cet entrepreneur, qui pète le feu, toujours dans l’action mais qui a toujours mal à quelque part, qui vraisemblablement cache une dépression, mais qui ne voudra jamais l’admettre, car il ne se rend pas compte que son état est directement lié au stress qui régente sa vie.
Une autre facette de cette maladie est son incidence sur la qualité de vie,
c’est à dire que cela va beaucoup dépendre de l’entourage de la personne. Une personne seule, isolée, va souvent être négligente envers elle-même, parce qu’elle aura tendance à se renfermer, au point de peut-être ne plus oser sortir, de ne plus faire ses courses, par peur de faire une crise en public et de ne pas être capable de se gérer à ce moment-là.
Alors qu’une personne bien entourée, aura plus de chance d’être prise en charge et d’être soutenue par ses proches, par conséquent elle sera plus enclin à prendre soin d’elle. Certaines personnes se verrons même, que peu impactées sur leur qualité de vie.
Il faut savoir que, le plus souvent, sur une échelle de 1 à 10, les personnes atteintes de cette maladie sont en moyenne à 4 ou 5 d’intensité de douleur. En cas de crise, cela peut monter jusqu’à 8 ou 9, voir 10 pour les personnes qui traînent cette pathologie depuis 30 ou 40 ans. Dans les cas les plus extrêmes, les crises sont si violentes, que la personne peut complètement retourner son appartement à cause de l’intensité de la douleur. Cela peut finir en véritable crise psychotique.
Qu’avez-vous mis en place pour ces personnes ?
Mon cabinet de massage thérapeutique Swiss Massage à Romanel sur Morges, dans le canton de Vaud, a créé un protocole de massage spécifique qui permet de casser / endiguer la montée d’une crise, et de diminuer l’intensité générale des douleurs.
Une méthode principalement très douce, et qui travaille notamment certains points musculaires permettant de lâcher toutes ces énergies, ce qui libère la personne de ses tensions et aura pour conséquence de littéralement l’épuiser.
Elle aura énormément envie de dormir, la crise va s’estomper et les douleurs vont rapidement se calmer après la séance, et encore un peu plus dès le lendemain.
Je travaille également en association avec le médecin traitant, psychiatre/psychologue pour les cas les plus aigus et les risques de décompensations émotionnelles. Selon la phase de mon protocole, il m’est possible de demander à compléter le traitement par d’autres thérapies alternatives qui pourraient convenir à un moment précis pour le patient telles que : acupuncture, kinésiologie, nutrition, hypnose, etc…
Ceci pour dire qu’il est intéressant, en complément de la médecine allopathique, de se faire aider par des thérapeutes exerçant une médecine complémentaire ou intégrative, avec bien entendu l’accord du médecin.
Que pouvez-vous conseiller à ces personnes ?
D’une manière générale,
ce qui est préconisé pour ce genre de pathologie, est tout d’abord d’être suivi par son médecin traitant / de famille. Il est ensuite préconisé pour soulager les symptômes d’avoir la meilleure hygiène de vie possible, d’avoir une alimentation peu acide, tout en évitant, tant que faire se peut, les sucres ajoutés et raffinés, en favorisant les aliments alcalins ainsi que les antioxydants naturels. Faire un sport adapté à son âge et à sa condition physique ; en stimulant notre système circulatoire et en favorisant l’élimination des toxines, c’est aussi une bonne manière de lutter contre les douleurs. Il n’y a rien de pire, et de plus éprouvant pour votre organisme que le statique. L’essentiel étant d’être en mouvement et, le corps aime vraiment ça ! . . . de bouger !
Un dernier mot pour la fin ?
Pour finir sur une note encourageante, cette maladie, qui n’est pas une maladie au sens biologique du terme, n’est pas, à mon sens, une maladie irréversible. Avec encore un peu d’étude et de patience, l’homme et la médecine sauront trouver les solutions adéquates.
En attentant, il existe diverses solutions pour soulager les douleurs : bains chauds/thermaux, massages spécifiques, huile de cannabis thérapeutique, etc… tout ce qui vous fait plaisir et qui peut diminuer votre état de stress. Faites-vous du bien !
par Max-Antoine Breda,
entretien avec Manu Antonino, Massothérapeute certifié